Première partie
Cet article raconte mon périple à travers une partie de l’Europe. Une aventure en auto-stop de 4156 km (programmée) que j’aime à nommer « Mon expérimentation Sociale Grandeur Nature ». Le but étant de démontrer par l’exemple, que la solidarité, la générosité et la gentillesse existe réellement dans ce monde qui ne parle que de terrorisme et accentue la peur de l’autre. C’est une réalité mais ce n’est pas la seule réalité. Voici l’histoire de ce périple de Limoge à Turin.
Après 5 mois de voyage dans 5 pays du monde, j’ai posé ma valise pendant quelques semaines chez ma mère en Bretagne. Cadre idyllique, le vrai ressourcement! Yoga presque tous les jours, j’ai pu reprendre une hygiène de vie un peu plus équilibrée et récupérer mon ventre plat qui avait gonflé à force d’ingurgiter les délicieuses pâtisseries de Porto. Dans ces conditions idéales une idée a germé dans mon esprit à laquelle j’ai donné substance au travers de ce blog à la rencontre de l’autre et de soi-même.
Un projet avec une copine tombant à l’eau, j’aurai pu rester sagement dans mon petit paradis Breton tout l’été mais j’ai décidé à la place de partir à l’aventure sur un périple de 4000 et quelques kilomètres en Europe, en traversant la France, l’Italie, l’Espagne pour arriver à ma destination finale: Porto au Portugal où je vais peindre une fresque chez Anna.
Mes objectifs sont les suivants:
- faire un état des lieux de l’auto-stop aujourd’hui et plus spécifiquement en étant une femme seule (sécurité, temps d’attente, budget dépenses, etc…)
- vivre une aventure humaine un peu folle
- aller à ma première Rainbow
- partager ça avec vous
- un belle occasion de revoir des amis et de s’en faire de nouveaux (ma soeur à Lyon, Valerio et Slim à Florence, Alessandra et Chitti à Barcelone)
C’est parti!
Je profite d’un trajet que ma mère et son compagnon font pour descendre en camion jusque Limoges le 27. Mon périple commence donc le 28 à midi et Philippe est le premier qui s’arrête après que ma mère m’ait déposée sur un parking à côté de l’auto-route qui ceinture Limoges (je ne lui ai jamais rien caché, je préfère comme ça). Il m’avance jusque l’autoroute direction Lyon puisque lui descend pour le boulot à Toulouse. En bref, vous l’aurez peut être deviné, je ne suis pas sur la bonne route! Voiture ultra neuve et confortable, mon voyage commence bien, de plus mon hôte est fort sympathique. Je dois rejoindre l’A89 à pied c’est dangereux et un peu galère et mon sac est (évidemment) trop lourd. C’est donc sur l’A89 que Jean-Luc me récupère mais il ne va pas plus loin que Clermont Ferrand, il me faudra trouver un troisième ride!
Ce sera Hèlène, à qui je réveille des envies de voyage qui sommeillent, qui m’amènera jusque ma destination finale du jour. Une vraie perle, elle sort de l’autoroute pour me déposer avant Lyon devant Renault où ma soeur viendra me chercher. Je reste deux jours et demi chez ma soeur car je sais que la route, toujours fidèle, m’attends sagement. Je n’ai pas vu ma petite famille du sud depuis un an, c’est l’occasion d’immortaliser ma nièce qui grandit en une belle jeune fille.
Le 31 ma soeur me dépose près d’un péage après un petit selfie et c’est sur Maxime que je tombe, il m’avance généreusement pour récupérer l’A49, comme on se retrouve dans les bouchons c’est l’occasion de faire connaissance bien que l’on n’aille qu’à une trentaine de kilomètres. On parle chacun de ses prochains projets et le fou rire le prend parfois lorsque j’évoque un âne (promis je vous raconte ça une autre fois), quant à lui après avoir vendu du vin au Cambodge il rêve d’un voyage au Chili où il pourrait donner vie à une des ses passions: le parapente!
Je finis par être récupérée par Yoan (Yop pour les intimes), en pause déjeuner là où Maxime m’a laissée. C’est mon baptême, je fais l’expérience pour ce long périple en auto-stop de mon premier camion! Yoan retape un camion et compte bien voyager avec un jour, tant d’envies tant de rêves de voyage chez mes conducteurs. Je remarque que le voyage c’est souvent le dénominateur commun de mes conducteurs, je suis littéralement en mouvement, eux aussi, mais ce mouvement se retrouve en tout particulier dans leurs rêves et envies à venir. Ma présence sur le bord de la route doit évoquer cette notion de pérégrination à laquelle ils aspirent dans un futur plus ou moins proche. Encore une fois, le constat est très intéressant, il s’agit ici d’empathie, ce regard partagé sur une manière de faire ou de vivre qui pousse l’un à s’arrêter prendre l’autre. Deux chemins de vie qui, sans ça, ne se seraient pas forcément rencontrés.
Petits conseils et astuces
C’est important à savoir, le graal des auto-stoppeurs c’est le péage. C’est l’endroit stratégique par excellence, on y trouve souvent des toilettes, les véhiculent y ralentissent et ils ont assez d’espace pour venir se garer. Des conditions plus propices pour se faire embarquer que partout ailleurs. Et au cas ou vous vous poseriez la question, je reste en contact téléphonique régulier avec mon meilleur pote Jojo, ma soeur et ma mère ( bien que ce soit de manière un peu plus sporadique) et je suis également en contact avec les personnes qui m’accueillent.
Jusque là je n’ai jamais attendu plus de 15 minutes mais ces minutes me paraissent toujours un peu longues, je me sens un peu con avec ma pancarte en l’air à attendre qu’on daigne s’arrêter. J’ai souvent l’impression que je pourrais rester là toute la journée, aussi rigide qu’une statue italienne généreusement couverte de fiente de pigeons. Je pourrais même compter les voitures comme des moutons. Mon véritable secret c’est que je pratique la pensée positive, en gros j’essaie de rester confiante en toute circonstance et l’auto-stop est un test grandeur nature instantané. Il n’y a pas à dire on reste assez exposé au bord de la route. Aux regards certes, mais pas que, aux jugements également. Bien qu’on ne les entende pas, les conducteurs vous dévisagent mais après tout, ils ont raison, ce qui est inhabituel est une curiosité et la nature humaine est très curieuse et quelqu’un qui attend avec une pancarte attire l’attention. Les gens klaxonnent parfois, ralentissent…je vois bien que certains s’arrêteraient bien mais ils ne vont pas dans la même direction que moi. Il faut avouer qu’être une fille est un avantage certain dans la mesure ou un auto-stoppeur masculin peut parfois attendre pendant plusieurs heures d’affilées. Je me dis qu’à leur place je n’aurai pas la patience.
Lorsque Camille s’arrête avec son camion flambant neuf c’est le jackpot puisqu’il s’arrête à Turin. Ce qui est surprenant c’est qu’il a rencontré sa femme il y a 26 ans alors qu’elle faisait de l’auto-stop avec une copine à une station essence où il s’est arrêté. Quelle histoire incroyable! Un an plus tard ils habitaient ensemble et avaient leur premier enfant.
Ma deuxième journée d’auto-stop aura été véritablement épique! Arrivés 10 km avant Turin Camille doit s’arrêter, la loi est stricte, lorsqu’on est chauffeur on ne doit pas rouler plus de 9h d’affilées (si mes souvenirs sont bons) et prendre quelques pauses entre. Il doit s’arrêter 45 minutes et lorsque c’est l’heure, c’est l’heure! On ne peut pas faire 1 km de plus! Comme il est relativement tôt je pousse ma chance car je souhaite retrouver mon ami Valerio à Florence. Je remets la pancarte. Un mec étrange s’arrête…je lui dis merci, mais non. Je vous le dis, en auto-stop il faut savoir dire non quand on ne le sent pas.
Règle numéro 1 de l’auto-stop: suivre son instinct!
Quelques minutes plus tard la police s’arrête et me dit: c’est illégal de faire de l’auto-top en Italie sur l’autoroute. Et elle m’explique que c’est dangereux. Oups! Illégal je ne le savais pas. Contrôle de mes papiers d’identité, Camille vient à ma rescousse car il a observé la situation depuis son camion, contrôle de ses papiers, heureusement il s’en sort sans amende mais avec un avertissement. Tant mieux, j’aurai culpabilisé sinon. Je suis, en deux temps trois mouvements, embarquée à l’arrière et déposée derechef à l’arrêt de bus le plus proche.
Je n’ai pas eu un signe mais deux, qu’en somme, le stop c’était fini pour aujourd’hui, c’est confirmé je vais passer la nuit à Turin.
Départ demain direction Florence…en auto-stop bien sûr!
——- Les petites photos sont prises à l’iphone, les autres avec mon Canon 5D, vous pouvez faire glisser vers la droite la galerie en tête d’article pour voir toutes les photos ——
5 Comments
Waow, je ne savais pas que c’était interdit l’auto-stop en Italie sur l’autoroute. Les policiers t’ont laissé les prendre en photo?
Je ne savais pas non plus! Ce qui ne m’a pas empêché de continuer par la suite 😉
Ils ne m’ont pas autorisé à prendre de photos, c’est pris avec l’iphone, le moment était assez burlesque il fallait que je l’immortalise!
Un joli périple qui commence! J’ai lu un livre sur un personne qui a voyagé pendant 5 ans en auto stop(Jérémie Marie), ce livre m’a marqué et il indiqué qu’il y avait pas mal de pays ou l’auto stop est interdit sur les grands axes routiers. Bon voyage et j’attends ton prochaine article qui me fera certainement voyagé depuis mon lieu de travail en attendant de pouvoir prendre la route.
Merci! 5 ans, wow! Il faudra que j’aille le lire, en tout cas l’interdiction ne m’a pas empêché de continuer de Turin à Florence 😉
À bientôt pour la suite!
Parle nous de Turin : C’est une des villes italiennes que je connais le moins, et qui je crois souffre un peu de la comparaison avec Rome, Venise, Florence, Naples ou Milan…